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VIRÉE EN KABYLIE, UNE RÉGION MEURTRIE PAR LE TERRORISME
Bouira : cap sur le développement tous azimuts
Un groupe de terroristes stationnés près de Zbarbar attendrait de se rendre depuis plusieurs semaines, selon nos sources, signe évident d’un changement dans cette région qui avait établi sa réputation sur l’insécurité totale, et qui a vécu l’enfer.
En vérité, ici l’ensemble de la zone montagneuse comprenant les wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou, en poussant jusqu’à Boumerdès et le littoral, semble connaître une accalmie depuis au moins deux à trois mois. De faux barrages continuent pourtant, de manière épisodique, à être signalés, organisés pour détrousser les citoyens de leurs biens. Quant aux monts de Zbarbar, à 600 m d’altitude, ils forment une partie de l’Atlas blidéen relevant de la wilaya de Bouira, où sont implantées les daïras de Lakhdaria, El-Kadiria et Souk El-Khemis. La route, qui conduit vers Zbarbar à partir de Lakhdaria, est un sinueux chemin de wilaya qui grimpe sans cesse pour aboutir à un chef-lieu qui souffre d’un enclavement préjudiciable aux conditions de vie des habitants qui manquent de l’essentiel, comme l’eau potable ramenée des sources ou des puits, et du gaz naturel, beaucoup continuant à cuisiner et à se chauffer avec le bois. En outre, le transport scolaire est inexistant, ce qui oblige les élèves à parcourir plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre leur établissement, tandis que le réseau routier reste impraticable pour nombre d’agglomérations environnantes.
Mais le boom économique a réellement commencé il y deux à trois années, promettant d’installer Bouira et toute la région située à des centaines de kilomètres à la ronde, dans l’ornière d’un développement salutaire à plus d’un titre. D’abord, dans la commune de Bechloul, le barrage de Tilesdit d’une capacité de 167 hm3, inauguré par le président de la République il y a deux ans, a permis d’améliorer la dotation en eau potable pour près de 300 000 habitants répartis sur une douzaine de communes et l’irrigation de près de 7 000 hectares de terres agricoles. Et surtout, le chantier en voie d’achèvement du 2e plus grand barrage du pays, après celui de Béni Haroun (Mila), en l’occurrence Koudiat-Acerdoune, situé sur l’oued Issers au cœur du massif de Zbarbar, a permis une stimulation exceptionnelle de l’environnement socioéconomique, notamment au niveau de l’emploi et de la main-d’œuvre, avec un flux d’entreprises PME/PMI de la région et d’ailleurs, vers le secteur du bâtiment et des travaux publics. L’on peut dire que la wilaya de Bouira, jusque-là demeurée à la périphérie du développement, a pris son envol à partir de ce genre de mégaprojets structurants alliés à sa situation géographique de lien entre l’Est, le Sud et le Centre, et dopée par les différents programmes de développement dont elle a bénéficié, en grande partie destinés à de nouvelles constructions, de nouveaux chantiers. L’objectif de Koudiat-Acerdoune, rappelons-le, est de créer une réserve d’eau de 640 millions de m3. Il doit permettre de consacrer 100 millions de m3 d’eau par an à l’irrigation et 70 millions de m3 par an à l’alimentation en eau potable pour la région du Grand-Alger (8 millions d’habitants). Dans ce même contexte, un projet de transfert des eaux est en voie de réalisation depuis ce barrage de grande envergure de Koudiat-Acerdoune au bénéfice de 5 communes de la wilaya de Bouira et 8 autres dans la wilaya voisine de Tizi Ouzou.
Cevital, Naftal, en pionniers
Ensuite, grâce à l’autoroute Est-Ouest, qui traverse aujourd’hui toute la wilaya sur 101 kilomètres depuis Ahnif (du côté de Bordj Bou-Arréridj) jusqu’à Bouderbala, commune située à la limite de la frontière entre les wilayas de Bouira et de Boumerdès, la proximité de la capitale, de ses infrastructures portuaires, des lignes aériennes et autres facilités n’est plus qu’à quelques encablures. Il faudrait, toutefois, compter avec l’ouverture de la deuxième rocade de Zéralda vers l’Est et l’achèvement des travaux en cours du percement de deux tunnels de 2 kilomètres et demi chacun sur le flanc des monts de Lakhdaria, qui devraient amplement désengorger le trafic routier. Un nouveau tronçon est également en travaux, qui reliera en 2010 Bouira à la wilaya de Boumerdès en débouchant sur la localité de Larbaâtache, autant dire à Dar El-Beïda. L’autoroute Est-Ouest servira par conséquent de levier de désenclavement de cette wilaya du Centre longtemps oubliée, et bloquée durant les années 1990 par les coups portés par le terrorisme. Des centres urbains, comme ailleurs dans le pays, voient déjà leurs activités commerciales décliner par une diminution drastique de la circulation sur l’ancienne route nationale qui leur ramenait les clients. C’est la rançon du progrès. Les commerçants et artisans de Aomar, les plus connus, ont déménagé en masse, eux, pour s’installer à Ighrem, sur la route de Béjaïa juste après la bretelle autoroutière d’El-Adjiba.
Toujours est-il qu’à peine nantie aujourd’hui d’une maigre infrastructure industrielle qui compte une cimenterie, un complexe de détergents et une usine de produits d’entretien, Bouira devrait devenir dans un proche avenir une mégapole semi-industrielle et agricole de taille, à même de constituer un centre de rayonnement sur une partie non négligeable du centre du pays, et dont la vocation est d’être un carrefour d’échanges économiques, qui s’ouvre sur plusieurs wilayas limitrophes : Tizi Ouzou, Sétif, Béjaïa, Bordj Bou-Arréridj, Médéa, Alger et Boumerdès.
Le Calpi organise régulièrement, dans ce sens, des réunions présidées directement par le wali, afin d’expliquer aux investisseurs potentiels les facilités accordées et les inciter à venir s’installer dans la région. Mais déjà, la nouvelle zone d’activités aménagée à Sidi-Khaled a accueilli dès l’année 2009 des entreprises de grandes dimensions telles que Cevital, Naftal, et d’autres entreprises de moindre envergure. Le plus important des investisseurs a été le groupe Cevital qui, outre l’ouverture d’un hypermarché et d’un centre de dépôt et de vente des produits de consommation à Bouira, a acquis une plateforme logistique dans la zone d’activités, dotée de chambres froides, d’unités de conditionnement de stockage de légumes secs et de transformation des produits agricoles. Cela sans compter que des daïras comme Sour El-Ghozlane ou Bordj Okhriss ont bénéficié directement, chacune d’un solide programme spécial de développement des Hauts-Plateaux, consécutivement à leur position géographique.
Les objectifs du contrat de performance dépassés
C’est l’agriculture qui demeure le cheval de bataille de cette wilaya promue au plus bel avenir économique. Elle présente une vocation agricole de par ses caractéristiques naturelles, parce que constituée de trois zones différentes, selon les spécialistes agricoles que nous avons rencontrés : les zones de montagnes (31% des terres) qui se caractérisent par la pratique de l’arboriculture rustique, la céréaliculture combinée avec un élevage de type familial, les plaines (40% des terres) représentées par les plateaux de Bouira, El-Esnam, El-Hachimia, des espaces qui sont utilisés pour la céréaliculture, l’arboriculture fruitière et les cultures fourragères, et enfin les zones dites agropastorales (29% des terres) dans le sud de la wilaya à prédominance élevage ovin. Le passage remarqué du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, récemment, a fait ressortir que les objectifs du contrat de performance mis en place par son département ont été dépassés, atteignant les 110% en céréaliculture et la pomme de terre et les 216% pour l’oignon. Confiantes de ces bonnes réussites, les autorités ont donc initié un nouveau programme, intitulé plan de développement rural intégré, qui devrait cette fois permettre surtout le retour des populations ayant fui le terrorisme et leur stabilisation. En tout cas, la production agricole au niveau de la wilaya est à prédominance céréalière et oléicole.
Bouira, une wilaya en chantier ? Certainement, avec cette caractéristique que là, plus qu’ailleurs, pour une wilaya qui a atrocement subi les affres du terrorisme, la peur semble progressivement changer de camp, et les choses se remettre à leur place pour aller dans le sens du développement.
Par : ZOUBIR FERROUKHI
in Liberté
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