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Ahnif pendant la guerre 54/62// Vingt sixième partie

Vingt sixième partie   

Le Commandant Bley dispose de la C.C.A.S., de Partisan 4, de la 4ème Compagnie, de la Compagnie de Marche du Mizer, des I et 2/I9ème R.C.C., du III/2ème RIMa, du G.M.S. 77 et du maghzen de la S.A.S. de Takerboust. Le convoi se dirige vers le Col De Tirourda, par la R.N.I5. Le débarquement s’effectue sur la route au Nord de Takerboust et de Beni Hamdoune. Les unités de bouclage prennent position. À l’Ouest, du Nord au Sud, deux pelotons du I/I9ème R.C.C., la 4ème Compagnie, le Peloton à Cheval du G.M.S.77 et le maghzen de Takerboust. Au Sud et Sud-Est, les éléments du III/2ème RIMa. Au Nord-Est, un peloton du I/I9ème. Deux pelotons blindés du 2/I9ème R.C.C. circulent sur la R.N.I5, entre le carrefour de Cheurfa et le Village De Tixeridene. Les unités de fouille s’alignent au Nord de la zone ainsi délimitée, d’Ouest en Est : la Compagnie de Marche du Mizer, Partisan 4, et la C.C.A.S., entre Takerboust et Beni Hamdoune. Début de ratissage à 8 heures 45. Vers 9 heures 40, deux femmes, qui circulent avec un mulet sur la piste de Beni Hamdoune, abandonnent leur bête, à la vue des militaires, et s’enfuient vers l’Irzer Chakrane La Compagnie de Marche du Mizer relève des traces de pataugas dans le ravin de l’Irzer Chakrane.


La C.C.A.S. découvre une cache vide. À 11 heures 45, le P.C., qui s’était tenu jusqu’alors sur 62I, fait mouvement vers le Sud-Ouest et prend position sur 57I. Les éléments du III/2ème RIMa, qui tenaient le bouclage Sud-Est et Sud, se portent alors à la rencontre des unités de fouille qui viennent du Nord.
La C.C.A.S., pivotant vers l’Ouest vient prolonger cette ligne. À I3 heures 20, le III/2ème RIMa accroche un groupe de trois rebelles dans le lit de l’Irzer Chakrane et les met hors de combat. Il s’agit de Mousseblines locaux : Ouladj Arezki, Talbi Mohamed, et un troisième individu non identifié. Leurs armes sont récupérées: un revolver à barillet, deux grenades défensives, trois offensives, un poignard, ainsi que quelques documents. Quatre suspects sont interpellés à proximité. À I4 heures I5, le ratissage s’infléchit vers l’Ouest. 

La Compagnie du Mizer découvre une cache qui contient des douilles de cartouches de chasse, deux sacs de plomb et quatre boites de poudre. Les unités arrivent à la route nationale I5 vers I7 heures.  Retour aux cantonnements. Dans le mi-Quartier Haïzer, la recherche des caches continue Le 8,
la Harka d’Irhorat, qui ne participe pas à l’opération de secteur, revient dans la région d’Aït Haouari, détecte une nouvelle cache, plus petite, sur le versant Est de la cote 945, juste en face des abris découverts la veille. Elle n’abrite que des effets usagés et quelques poignards. Partisan 4 vérifie ses mines de
la Forêt d’El Haïzer le 9 décembre, puis s’en va nomadiser jusqu’au I4 en plaine de Maillot, avec pose d’un champ de mines dans l’Oued Berd, à l’Ouest de l’Isakene, et sur les rives de l’Oued Ouakour. Retour dans la soirée du I4. 


La C.C.A.S. explore les environs immédiats de Maillot, au Nord de la ville, et trouve successivement, entre
la R.N.30 et l’Oued Ouakour, deux caches qui renferment, l’une, trois casques lourds, un chargeur vide de P.M., et une grenade à fusil ; l’autre, sept paires de baskets, sept grenades à fusil, des cartouches de 7.5 et de 7.65, deux chargeurs vides de P.M. et un chargeur vide de F.M.. Partisan 4 vérifie, le I5, les mines de
la Forêt d’El Haïzer. deux d’entre elles ont explosé, sans résultats visibles. Le I6, le commando et
la S.E.M. de la 3ème Compagnie patrouillent la région de Bou M’charof où l’on aurait aperçu des rebelles.  Le I7, vérification du champ de mines des Azerou, et le 20, de nouveau celui du Sud de
la Forêt d’El Haïzer. En fin d’après-midi, le 2I, le Commandant Billotet annonce qu’une patrouille de son maghzen de
la S.A.S. de Bezzit a découvert la cache que l’on présumait située au Sud du Douar Innesmane. Elle était occupée par quatre hommes. Il s’en est suivi un échange de coups de feu au cours duquel un fellagha a été abattu. Les trois autres ont été capturés et sont à la disposition du 2ème Bureau du secteur. Un intéressant butin a été récupéré: armes, effets d’habillement et approvisionnements. L’un des prisonniers, un jeune homme de Bouïra, est réclamé par le Commandant Billotet, qui désire l’utiliser pour une action psychologique sur la ville de Bouïra. Les deux autres sont conduits dans les locaux du D.O.P. à
la Ferme Bel Air, et pris en charge par l’O.R. du Mizer, également responsable du service de renseignements de la ville de Bouïra. L’un d’eux est identifié comme étant le Sergent Chef « Si Hamou », adjoint de Demmouche, l’autre, « Si Ali, » est le gérant d’une ferme indigène proche de Bel Air, et déjà connu comme ravitailleur. Il a, à ce titre fait un séjour au centre de transit du bataillon. Il est également l’instigateur de l’attentat contre le Sergent Chef Harki Ahmed Terrak. L’O.R. sent qu’il arrive au terme de la traque que le bataillon mène depuis I956 contre « l’insaisissable » Mohamed Demmouche. Il est maintenant à portée de la main. Encore faut’il la refermer solidement. L’interrogatoire des deux hommes va se prolonger jusqu’à deux heures du matin, rebondissant de l’un à l’autre, parfois même les confrontant. Dés le début, l’O.R. a demandé au Capitaine Faure de maintenir en alerte une section de Partisan 4. Elle arrive peu après minuit à Bel Air, commandée par le Sous Lieutenant Mondoloni. Au cours d’une dernière confrontation, Si Ali se retourne vers Hamou : - C’est toi le chef, c’est toi qui doit parler. Et l’autre parle. La cache, que Demmouche désigne comme son P.C. dans diverses correspondances, est une sorte de terrier, qui se situe aux deux tiers de la falaise Nord de l’Oued El Douss, à un kilomètre environ à l’Est de Tirilt M’tilguit. On y accède, depuis le sommet de la falaise, par une échelle que l’on camoufle devant l’entrée, à plat dans les buissons, après usage. L’homme est d’accord pour servir de guide. D’après lui, Demmouche serait absent, parti depuis trois jours à une réunion au P.C. de
la Mintaka 32. Il n’y aurait dans l’abri que le Sergent Ouchene Saïd, de la fraction 4 et Fekroune Ramdane, le secrétaire de Demmouche, originaire du Ras Bouïra, au maquis depuis le jour de Noël I960. La nuit est froide et claire, le ciel dégagé est constellé d’étoiles.
La Section Mondoloni se met en route à 4 heures, rejoint la lèvre Sud de la vallée de l’Oued Ed Douss par la piste de
la Ferme Tour et s’engage dans la descente. Le Capitaine Faure a mis en alerte le groupe de permanence de
la Harka d’Irhorat et l’a envoyé, par 680, établir une embuscade sur la piste, au Nord de la cache, à mi-chemein entre le Koudiat Akorobouri et l’Oued Ed Douss. À 5 heures 30,
la Harka d’Irhorat est en place, et
la Section Mondoloni a terminé l’encerclement de la falaise. 
 Conduit par Si Hamou, le sous lieutenant s’approche de l’à-pic. Deux marches taillées dans le sol marquent l’endroit où vient s’appuyer l’extrémité de l’échelle. Debout sur la marche basse, il se penche au dessus du vide. À cinq ou six mètres plus bas, il distingue une vire très étroite, couverte de buissons dans lesquels l’échelle est cachée. Vers le Nord, un bruit de moteur monte dans la nuit et se rapproche. C’est le groupe du Sous Lieutenant Sandon, qui, en Jeep, depuis le poste de Tirilt M’tilguit, vient boucler le ravin de l’Iril Zirkouk. Sur la vire, à l’aplomb de Mondoloni, une silhouette se détache de la falaise, écoute le bruit de moteur qui se rapproche, rentre dans l’abri pour en ressortir aussitôt, un fusil à la main, et se faufile sur l’étroite corniche qui a peut-être une autre issue que l’échelle. Le sous-lieutenant tire dans sa direction une courte rafale de P.M. L’homme bascule et va s’écraser vingt mètres plus bas sur la rive de l’Oued. Un autre rebelle sort de la cache et lance vers le haut de la falaise une grenade, qui roule sans exploser avant de retomber dans le vide. Il est également abattu. Un chiffon blanc est agité à l’extérieur de la cache, tandis qu’une voix demande que l’on ne tire plus. Sur une réponse affirmative, un troisième personnage sort de l’abri. Il met l’échelle en place et rejoint le sommet de la falaise. Il s’appelle Fekroune Ramdane et est le secrétaire de l’Adjudant Demmouche Mohamed, responsable du Secteur autonome de Bouïra. Les deux hommes tués sont Demmouche, revenu du P.C. zonal depuis trois heures à peine, et le Sergent Ouchene Saïd. En entendant le bruit du moteur de
la Jeep, Demmouche a tenté de fuir par l’extrémité Ouest de la corniche, où existe un passage très acrobatique qu’il était le seul à utiliser. C’est Ouchene qui a lancé la grenade. Il n’y a personne d’autre dans la cache. Le fusil Enfield 303 de Demmouche est récupéré auprès de son cadavre. Le sous-lieutenant descend avec deux chasseurs dans la cache qui livre un important butin : un fusil de chasse, celui d’Ouchene Saïd, une dizaine de grenades, une machine à écrire, un poste a transistors, et une quantité de très intéressants documents concernant les différentes liaisons entre Bouïra, Alger et Tizi Ouzou, ainsi que des relevés comptables impliquant la complicité financière de notables musulmans et d’Européens. Tandis que la contenu de la cache est remonté au sommet de la falaise, Fekroune, qui a été confié à la garde de deux harkis, comme lui originaires du douar, leur demande de le laisser s’échapper, car il craint d’être exécuté. Ceux-ci refusent. Il tente de les bousculer et de s’enfuir vers le ravin du Chabet Boutiguer, tout proche. Ils tirent sur lui et l’abattent. Au cours de la matinée du 22, Si Hamou et Si Ali conduisent une section de Partisan 4 à une cache toute proche, située au débouché du Chabet Boutiguer sur l’Oued Ed Douss. Elle livre du matériel d’habillement neuf et une importante quantité de produits pharmaceutiques. Le 23, les deux prisonniers amènent deux sections du commando à un kilomètre au Nord de
la Djemaa Toumellitine, vers I045, où se trouve une cache enterrée, très bien camouflée, de dimensions importantes, qui, d’après eux, serait le lieu de rencontre des responsables des différentes fractions du Kism 322/4. La cache, vide, ne parait pas avoir été récemment occupée.  Tandis que les spécialistes de Partisan 4 la piègent avant de la refermer, Si Hamou bouscule son gardien, le Sergent Agnelli, et se lance dans le ravin de l’Oued Toumellitine. Plusieurs rafales de P.M. le poursuivent sans l’atteindre, mais blessent mortellement Si Ali. Les 24, 25 et 26 décembre, Partisan 4 procède à la vérification de ses champs de mines de
la Forêt d’El Haïzer et du Nord de Semmach, puis participe à une opération dans l’Oued Khalous, avant ce rentrer à Dra El Khemis le 27. Noël est célébré dans toutes les compagnies avec un éclat particulier. Le chef de corps a rendu visite à toutes les compagnies et à tous les postes isolés du bataillon. Les officiers et les sous-officiers se sont répartis entre les différents postes pour prendre part, au milieu de leurs chasseurs, au traditionnel réveillon de Noël, affirmant ainsi le caractère fraternel de cette fête.  Dans chaque sous-quartier, les enfants des harkis étaient réunis autour de l’arbre de Noël, de même que dans chaque école, les enfants des villages. Le Commandant Bley présidait l’arbre de Noël des écoles de Maillot. Fidèle à la mission qui lui avait été assignée en I956, le bataillon continuait à se battre contre la rébellion et à vivre au rythme de la fraternité franco-musulmane. Le 26, le bataillon effectue un coup de main sur une cache, approximativement située vers le confluent du Tacift Irrissene et du Tacift Irzer Aïssi. La 4ème Compagnie prend position au cours de la nuit du 25 au 26 entre I506 et I620. La 3ème Compagnie prend position vers Aïn Ilmatene, une section restant en réserve à Tikjda La mise en place est terminée pour 7 heures. À 7 heures 30, la section qui devait effectuer le coup de main est prévenue que la position supposée de son objectif est fausse, et qu’il se situe en réalité vers Tala N’sirt, un kilomètre plus au Nord. Les unités reçoivent alors l’ordre de ratisser le lit de l’Oued Tacift Irzer Aïssi et celui de l’Oued Adjiba, à proximité de leur position initiale. Au cours de la fouille, le Chasseur Meziani Saïd est victime d’un accident. Fin d’opération à I3 heures : R.A.S. Le patient travail de recherche de l’O.P.A. mené par la 4ème Compagnie dans le sous-Quartier d’lliten, porte ses fruits : le 27 décembre, les membres de l’organisation locale sont identifiés et arrêtés, des caches sont découvertes au Nord du Ras Tiguerguert et vers Agouni Ansor. Le rythme des patrouilles et embuscades se maintient jusqu’au 3I décembre 1961. I 9 6 2 L’année 1961 s’est terminée, pour les anciens du Bataillon, ceux qui ont connu le Douar Haïzer depuis I956, par une satisfaction personnelle : la mise hors de combat de « l’insaisissable » Demmouche. Mais une arrière pensée amère vient ternir ce succès. À quoi cela va-t’il servir ? Et à quoi aura servi le sacrifice de ceux qui sont morts pour que, ainsi que l’affirmaient bien fort les chefs civils et militaires, l’Algérie reste française ? 
 

Mais à quoi bon s’appesantir là-dessus ! Sauf quelques gradés subalternes, les cadres du bataillon ont été renouvelés au cours des derniers mois de I961. Le Capitaine René Bluteau a pris le commandement de
la C.C.A.S., car le Capitaine Nodot, l’homme qui avait la confiance de la population indigène, vient d’être affecté à la subdivision de Médéa, pour y remplir les; fonctions de conseiller militaire auprès du « Colonel » Si Chérif, qui commande les F.A.F.M. Le 22ème B.C.A. continue la lutte. À vrai dire, il maintient surtout le contact pacifique et fraternel avec les populations des Douars Haïzer et Innesmane, à travers les harkis et les autodéfenses, par le biais de la délégation municipale et de
la S.A.S. d’Irhorat, par la présence des écoles dans chaque village, par la visite des A.S.S.R.A., auprès des femmes, et par l’assistance médicale.  Quant à l’adversaire, il reste en ce début d’année dans le mi-Quartier Haïzer, en tout et pour tout, une demi-douzaine de mousseblines, regroupés par « Si Hamou », cet adjoint de Demmouche, qui avait réussi à s’échapper le 23 décembre 1961. Ils possèdent un ou deux fusils de chasse, un ou deux revolvers et quelques grenades. Il y a aussi, épisodiquement, le passage du Commando Régional, fort de six hommes, qui possèdent un pistolet-mitrailleur et cinq fusils de guerre. Les fusils-mitrailleurs sont depuis longtemps enterrés dans des caches, faute de munitions. La présence rebelle est plus forte dans le mi-Quartier de Maillot, où la pacification était moins avancée, du fait surtout de la position des villages dans des zones d’accès difficile : une trentaine d’irréguliers, à l’armement disparate. Janvier L’année commence dans la routine des patrouilles et embuscades autour des villages, tandis que le commando Partisan 4 grenouille dans l’Oued Sebkha et l’Oued Oumellil, à la recherche de traces problématiques, pour ne rentrer que le 3 janvier. Le Capitaine Verborg est promu chef de bataillon, en date du premier janvier. Le même jour, une embuscade de
la C.C.A.S. dans l’Oued Berd intercepte et abat le Sergent-Chef Bou Aourha et récupère son pistolet-mitrailleur. Une patrouille de la 3ème Compagnie découvre, le 5, dans le ravin de l’Acif Boudra, une cache qui contient un fusil de chasse et cinquante cartouches. Le 6, une embuscade de
la Harka d’Aïn Allouane abat, à proximité du village en ruines d’Anatra, le nommé Agache Saïd, moussebel originaire de Tifticine. Il était armé d’un fusil de chasse et d’une grenade offensive. 


La S.E.M. est détachée à la garde du dépôt de munitions du Fort Turk du 3 au 7 janvier. Le commando est mis en alerte le IO, à la suite de l’assassinat d’un civil F.S.N.A. dans Bouïra. Le 11, il inspecte le champ de mines de
la Forêt des Azerou. Les stagiaires du I9ème P.I.S.T quittent Tikjda le I2 janvier et sont remplacés le jour même par ceux de la 20ème session.  Le I5, une patrouille de la 1ère Compagnie découvre, entre les cotes 1018 et 954, au Sud de Merkalla, une cache contenant 7 paires d’espadrilles, 70 paquets de tabac, 2 paquets de bougies et 4 paquets de café. Trois suspects, Bouguerrine Kaci, Bouguerrine Rabah et Bouguerrine Makhlouf, sont arrêtés. Le champ de mines de
la Forêt d’El Haïzer est neutralisé par Partisan 4, le I8 janvier. Le même jour, une opération de quartier, conduite par le Commandant Bley, se déroule dans la région Sud de Beni Hammad, région particulièrement tourmentée et recouverte d’un maquis épais. La 4ème Compagnie et les éléments des poste de Raffour et Aïssaoui, de
la C.C.A.S. fournissent le bouclage Ouest et Sud. Deux pelotons portés du I/I9ème R.C.C. et le peloton à cheval du G.M.S. 77 assurent le bouclage Est. Deux groupements de fouille, l’un aux ordres du Lieutenant Galmiche, l’autre sous le commandement du Lieutenant Pelliet Cuit, doivent réaliser le ratissage. Le premier se compose d’éléments des 1ère et 3ème Compagnie s, et des harkas du Mizer. Le second comprend des éléments de
la C.C.A.S.,
la Harka de Maillot, le peloton à pied du G.M.S. 77 et les maghzen des S.A.S. de Cheurfa, Saharidj et Takerboust. Ils quittent Maillot à 7 heures I5, heure à laquelle le bouclage Ouest Est en place, et sont en position sur leur base de départ à 7 H 40. Le P.C. prend position sur la cote 800. Un piper d’observation survole la zone. Le ratissage débute à 8 heures 30, direction Sud. Presque aussitôt, une cache contenant des vivres frais et quelques documents est trouvée à proximité immédiate du P.C. Vers 9 H 30, le Lieutenant Galmiche relève des traces récentes se dirigeant vers le Sud, puis, vingt minutes plus tard, les restes d’un bivouac de la nuit précédente. À IO H 25, les unités de fouille sont alignées sur le P.C., qui occupe la cote 649. Le P.C. arrive sur 557 à 11 H 30. Les compagnies procèdent à un réalignement avant de procéder au ratissage particulièrement délicat du confluent des deux ravins qui délimitent le mouvement de terrain à l’Est et à l’Ouest. D’autant plus que le Lieutenant Pelliet Cuit vient de signaler des empreintes fraîches de pataugas, direction Sud. La fouille reprend, très lente, sur ces pentes abruptes recouvertes de petits chênes verts et d’épineux très touffus. Un coup de fusil accueille les éclaireurs, et les manque. Le tireur, aperçu entre les branches, est abattu. Une cache est alors découverte, qui livre six prisonniers, des armes, des munitions, de la pharmacie, des vêtements et du ravitaillement. Le mort est le sergent-chef BESSAï Si Tayeb, du Secteur 323/I, son garde du corps, Fertas Mohamed, figure parmi les prisonniers, ainsi que le commissaire politique de la fraction I, Fechtas Oulaïd. Les autres sont Zermak Ali, Slimami Mohamed, et les chefs locaux de Beni Hammad, Habet Mouloud, et de Beni Ouilbane, Agou Mohand. Un hélicoptère est demandé, pour permettre une exploitation éventuelle de l’interrogatoire des prisonniers. La progression reprend à I4 heures 30. Un prisonnier signale l’existence d’une cache déjà connue, qui est cependant vérifiée Le bouclage Sud ouvre le feu sur trois rebelles qui arrivent à le franchir. Retour à Maillot pour I6 H I5. Armes récupérées: un mousqueton, un fusil de chasse, un revolver, et 117 cartouches. 
 Au cours de l’opération de neutralisation du champ de mines de
la Forêt d’El Haïzer, l’Adjudant Jacques Fleury et le Sergent Georges Nielsen, de la 2ème Compagnie, sont blessés par l’explosion d’un détonateur de grenade à fusil, et évacués. Le lendemain, Partisan 4 procède à la destruction du champ de mines de
la Forêt des Azerou, travail qu’il continue le 2I. Le 22, c’est le tour des champs de mines de Semmach et de Tala Rana. Le 27, la 3ème Compagnie, en embuscade à
la Grotte aux Pigeons, ouvre le feu, sans résultat, sur un suspect qui disparaît. Partisan 4 intercepte deux rebelles, au cours d’un ratissage de l’Oued Oumelberit. L’un d’eux, Habbi Mohamed, est abattu. Il était armé de deux grenades. Février Le 7 février, une opération de quartier, commandée par le Chef de Bataillon Verborg, met en ligne
la C.C.A.S.,
la Harka de Maillot, les maghzen des S.A.S. de Cheurfa, Takerboust et Saharidj, le I/I9ème R.C.C., Partisan 4, les harkas de Merkalla et de Sidi Salah, et le G.M.S. 77. Il s’agit de fouiller le terrain compris entre
la R.N. 26 et la voie ferrée, de l’Oued Chakrane jusqu’à la verticale de Cheurfa. R.A.S.. D’abondantes chutes de neige en montagne nécessitent l’intervention du chasse-neige des Travaux Publics, le I6 février, pour ouvrir à la circulation la route, entre Aïn Allouane et Tikjda. La 3ème Compagnie. ouvre son école de ski au Chalet du C.A.F.. Le I9,
la C.C.A.S. replie sur Takerboust son poste de Raffour. Au cours d’une opération conjointe avec le I9ème R.C.C. dans la région de Tiliouat, le 20 février, une section de Partisan 4 ouvre le feu sur un H.L.M. qui s’enfuyait. Au cours de la poursuite, un cavalier du I9ème est blessé par balle, alors qu’il avait endossé le burnous abandonné par le fuyard. Le 2I, le commando établit un nouveau champ de mines dans
la Forêt des Azerou, entre le Chabet Timergas et le Chabet Ouisakan. L’Officier de Renseignements du régiment d’artillerie cantonné à
La Baraque, sur la route d’Aumale, remet, le 22 février, au chef du 2ème Bureau du Secteur de Bouïra, un jeune prisonnier, originaire d’Alger, récemment arrivé au maquis. Ce jeune garçon a déclaré avoir profité d’une filière passant par la ville de Bouïra et le Douar Haïzer. Il indique le nom de la personne qui l’a reçu à la descente du car, et propose de conduire au refuge où il a séjourné.  Le temps est froid et maussade. Il tombe une pluie fine mélangée de brouillard. L’O.R. du Mi-Quartier Haïzer se joint à l’équipe du 2ème Bureau. Le prisonnier conduit le petit convoi – trois Jeeps – sur le plateau étroit qui couvre la falaise Sud de l’Oued Ed Douss, au Nord de
la R.N. 5, entre
la Ferme Bel AIR et le village d’El Esnam. Le peloton du I9ème R.C.C., qui tient le poste de Karrouba, alerté par téléphone, est prêt, accompagné du chef du village de regroupement, que le prisonnier a désigné comme étant le gardien de la cache. À cinq cents mètres à l’Ouest de Karrouba, à proximité de
la Ferme Tour, au milieu des champs, se dresse un clapier, fait de toutes les pierres ramassées au cours des années, lors des labours. Le chef du village s’avance, déplace quelques pierres plates, un trou apparaît. Il appelle. Une tête se montre, qui rentre aussitôt, à la vue des soldats qui entourent les lieux. La discussion commence, menée par le Sous-Lieutenant musulman qui commande le poste de Karrouba. Une grenade jaillit de l’orifice et explose, alors que chacun s’est jeté à terre. Plusieurs grenades défensives sont balancées dans la cache. Un homme en sort en rampant, les jambes broyées par l’explosion, puis deux autres, gravement touchés, eux aussi. Ils ne survivront pas à leurs blessures, car ils ont déjà perdu trop de sang. Parmi eux, il y a « Si Hamou », L’adjoint De Demmouche, qui avait livré son chef, le 22 décembre, et avait réussi à s’enfuir quelques jours plus tard. Après quelques minutes d’attente, un sous-officier pénètre dans l’abri, pour en ressortir aussi vite. Il y a un quatrième homme, qui apparaît enfin, abruti par les explosions, mais indemne, protégé qu’il était par les corps des trois autres. Il s’agit d’une vieille connaissance de L’O.R. du 22. Capturé en I957, il s’était évadé de la gendarmerie de Bouïra, où il était enfermé. Il se déclare immédiatement prêt à conduire la troupe à une seconde cache, mal connue du premier prisonnier, située vers 534, un kilomètre plus au Sud, de l’autre coté de la route. Là aussi, la cache est camouflée par un clapier. Ouverte et traitée à la grenade lacrymogène, il en jaillit un homme, armé d’un P.M., qui ouvre le feu. Il est immédiatement abattu par la riposte, ainsi que les cinq, qui, l’arme au poing, en débouchent après lui, les six derniers survivants du Commando Régional, commandés par le Caporal Bellout Mohamed Ben Saïd, déserteur de la 4ème Compagnie en juillet I957. Un P.M., cinq fusils de guerre et des grenades, sont récupérés. Le commando régional est anéanti, l’O.P.A. du Secteur 322/4 et du Secteur autonome de Bouïra complètement détruites. Il ne reste plus un seul rebelle en armes dans le Mi-Quartier Haïzer. Le 24, le Commandant Bley dirige une opération de quartier dans la région Sud du village de Tixeridene, zone refuge présumée des mousseblines de la fraction 2 du Secteur 322/I. Y prennent part Partisan 4, les harkas du Mizer, de Maillot, le maghzen de Takerboust, deux pelotons d’automitrailleuses du I/I9ème R.C.C. et le G.M.S. 77. Par Cheurfa, les unités de ratissage et le P.C. rejoignent Tixeridene et s’engagent vers le Sud. Le P.C. prend position sur 672. Dés l’arrivée du piper, à 8 H 25, la fouille commence. Deux caches anciennes, vides, sont visitées. Fin d’opération à 11 H 55. 
 

Le 25, dans la soirée, le commando Partisan 4, sous les ordres du Lieutenant Ville, part s’implanter en embuscades sur l’Irzer N’chakrane, de Takerboust à
la R.N.26. À son retour à Dra El Khemis, le 26 à 9 heures, le lieutenant constate, qu’au cours de la nuit, le Capitaine Gaston, le Sous- Lieutenant Mondoloni, le Sergent Agnelly, deux caporaux et quatorze harkis, ont quitté le cantonnement, sans indiquer les raisons, ni le but de leur départ. Une rapide enquête révèle que ce départ est lié au contexte politique. Le Capitaine Gaston, qui était en permission en métropole à l’époque du putsch des généraux, n’avait pas, à son retour, caché son regret de l’échec du mouvement. Déjà profondément marqué par l’abandon de l’Indochine, où il avait fait une campagne remarquable – Chevalier de
la Légion d’Honneur pour titres exceptionnels – il s’était donné à fond, dès le début de son séjour, pour conserver l’Algérie à
la France. Le premier mort du bataillon, au Maroc, avait été un chasseur de la 2ème Compagnie. Sous ses ordre, celle-ci, devenue le commando de chasse Partisan 4, avait accumulé les résultats, apportant au bataillon le meilleur de ses succès, le dernier en date étant la destruction du groupe Demmouche. Sensibilisé à l’extrême par la présence d’une importante harka dans les rangs du commando de chasse et par la situation dans le Douar Haïzer, où il était présent depuis l’arrivée du bataillon, l’orientation prise par la politique
 gouvernementale vers un abandon de l’Algérie Française, lui apparaissait comme contraire à l’honneur, parce qu’elle l’obligeait à renier les promesses faites, sur ordre du précédent gouvernement, à la population de l’Algérie. Cette politique d’abandon était le sujet d’un conflit permanent avec le chef de corps et les autorités civiles locales. La tenue, le 11 février, de la réunion d’Évian, n’avait pas été pour calmer son angoisse. À la suite d’un échange de propos assez vifs, tenus lors de la réception offerte par le Commandant Billottet, chef de
la S.A.S. de Bezzit, en présence du sous-préfet de Bouïra, celui-ci en avait rendu compte au préfet de Tizi Ouzou, qui était intervenu auprès du général commandant la Z.E.A.. Une arrestation, ou, tout au moins, une mise aux arrêts de rigueur, du Capitaine Gaston, avait été décidée. Il semble bien qu’il en ait été informé et que cela l’ait amené à brusquer sa décision. Immédiatement, le Commandant Bley, accompagné du Commandant Verborg, fait le tour des compagnies, où il réunit les cadres, officiers et sous-officiers, pour leur annoncer la désertion du capitaine et de ses deux compagnons, et exiger d’eux la promesse de respecter strictement les règles de la discipline militaire. La 4ème Compagnie replie ses postes de Semmach et d’Aïssaoui sur Saharidj. Le lendemain, le P.C. de la compagnie déménage pour aller s’installer à El Adjiba. Mars Le 3 mars, une patrouille de la Harka de Takerboust accroche, sans résultat un petit groupe de hors la loi, à proximité du village de Selloum.  La 3ème Compagnie continue régulièrement ses séances d’entraînement à la montagne : ski et escalade, en même temps que ses patrouilles en altitude (le 4 mars au Ras Tigounatine). Cependant que la 4 fait connaissance avec son nouveau sous-quartier. Le 6 mars, ont lieu à Tikjda, les examens de fin de la 20ème session du P.I.S.T.. La 2ème Compagnie participe à une opération sur Beni Hamdoune, le 7 mars. tandis que parvient l’annonce de l’ouverture de la conférence d’ÉVIAN. La 4ème Compagnie élargit sa zone d’action, et patrouille, le 14, en Forêt de Beni Mansour. Le feu est ouvert, de loin, sur deux individus qui circulent en zone interdite. Commencent les opérations de désarmement des groupes d’autodéfense éloignés des postes : cinq fusils de chasse sont repris aux habitants de Guendour. Les jours suivants, patrouilles et embuscades se multiplient, pour parer aux réactions que pourraient provoquer les pourparlers d’Évian. Le I9, les compagnies sont mises sur pied d’alerte, dès l’annonce du « Cessez le feu. » Un petit groupe rassemble quelques officiers et sous-officiers de la 3ème Compagnie, le chef de la harka et quelques uns de ses hommes autour du poste de radio du foyer de Tikjda, qui vient d’annoncer la conclusion des accords d’Evian. On se regarde, sans rien dire. Puis le chef de la harka, ancien sous-officier de tirailleurs, tristement, dit au lieutenant : - Alors, mon lieutenant, on n’est plus Français ! de Gaulle y veut pas ». Partisan 4 neutralise le champ de mines d’El Adjiba et découvre que l’une d’entre elles a fonctionné; des traces de sang sont relevées alentour. Le 2I, une section du commando découvre le cadavre d’un fellagha, aux abords d’une cache piégée, sur le versant Ouest du Chapeau de Gendarme. La mort remonte à une quinzaine de jours. La tension monte dans les villages, que ne visitent plus nos patrouilles, au cours des jours suivants, entretenue par les agitateurs du F.L.N. qui viennent y développer leur propagande. Près de Guendour, des inscriptions barrent la route : « Vive le F.L.N. – Vive Ben Khedda »; à El Adjiba, la population défile derrière des drapeaux F.L.N.. À Beni Hamdoune, le Harki Adjaout Tahar déserte en emportant son arme. Au cours de la nuit du 2I au 22, un groupe de fellaghas oblige les membres de l’autodéfense de Tixeridene à lui remettre leurs armes de chasse. À Selloum, le 23, un groupe de hors la loi distribue des petits drapeaux F.L.N.. Le 24, à Tarzout, alors que la 1ère Compagnie procède au ramassage des armes de l’autodéfense, manifestation de deux à trois cents personnes. Les membres de l’autodéfense tirent en l’air toutes leurs munitions avant de rendre leurs armes. Aux Ouled Bouali, près d’El Adjiba, se déroule une manifestation d’un millier de personnes, avec drapeaux. Une patrouille du G.M.S. 77 met en fuite un groupe de 20 fellaghas armés, entre Beni Hamdoune et Cheurfa. Il s’avère que le F.L.N. met à profit l’inertie de l’Armée Française, qui applique strictement les clauses des accords d’Évian, pour s’infiltrer dans toute une région dont la pacification l’avait exclu. Le 25, à Taourirt, des rebelles en uniforme et armés participent à un défilé d’un millier de personnes. Il faudra l’intervention de deux sections de la 4ème Compagnie pour disperser la foule.
La Harka de Maillot et un scout-car de la C.C.A.S. doivent de même intervenir à Ouled Brahim et Raffour.  L’O.R. du Mizer, accompagné d’une escorte de Partisan 4, se rend à la cache du Chapeau de Gendarme, où quelques jours plus tôt le commando a découvert le cadavre d’un rebelle tué sur mine, et parvient à l’identifier : Slimani Belkacem Ou Chouch, originaire du Douar Tighrempt. Devant la multiplication des manifestations – mais que peut’on demander aux populations que l’on abandonne, sinon de faire allégeance à ses nouveaux maîtres – le commandement décide de désarmer tous ceux à qui
la France avait confié des armes pour se défendre, à nos côtés, contre la rébellion. C’est ainsi que le 26, les 1ère et 3ème Compagnies procèdent à la récupération des armes des autodéfenses de Merkalla, Tassala, Aït Krerouf, Aïn Allouane, Aougni, Tazmout, et Taougnit. Trente-deux fusils de chasse et huit fusils U.S.I7 sont ramassés. Dans l’ensemble du quartier du bataillon, de Bouïra à Maillot, de nombreuses manifestations continuent à se dérouler.
La C.C.A.S. récupère six drapeaux F.L.N. aux portes de Maillot. 


La Harka de Merkalla est désarmée le 27, par Partisan 4, ainsi que celle d’Irhorat et celle d’Aïn Allouane. Deux harkis du Village De Tixara ont déserté au cours de la nuit, emportant un fusil semi-automatique et deux P.M. Mat 49. À I7 heures, un défilé qui regroupe quinze cents personnes, marche en direction de la S.A.S. d’Irhorat, hurlant des slogans anti-français. Deux sections de la 1ère Compagnie doivent intervenir, soutenues par un peloton d’A.M. du I9ème R.C.C., et tirer par dessus les têtes pour stopper la marche. Dans Maillot même, une tentative de manifestation est stoppée par une section de Partisan 4 et les scout-cars de la C.C.A.S. Les lignes téléphoniques sont sabotées au cours de la nuit du 27 au 28. Le 28, la Harka de Maillot est désarmée. Le village de Selloum accueille trois hommes en armes. Une bande de douze parcourt le village de Beni Hamdoune, en invitant la population à faire déserter les engagés et les appelés algériens. Une importante manifestation, partie de Merkalla et grossissant au fur et à mesure qu’elle traverse les villages de la plaine, se dirige, drapeau F.L.N. en tête, vers Guendour. Le service d’ordre de la 1ère Compagnie tente vainement de les disperser, et doit faire usage de ses armes. Quatre manifestants sont blessés. L’un d’eux mourra des suites de ses blessures . Le 3I, la 1ère Compagnie désarme l’autodéfense de Tarzout. Un P.M. Mat 49 et neuf fusils sont repris aux harkis de Sidi Salah.. La 3ème Compagnie , sur son piton, est à l’écart de cette effervescence et poursuit son entraînement montagne. Ce jour là, huit cordées sillonnent le Massif du Reynier. Au Sud de Saharidj, la 4 assiste à un défilé d’un millier de personnes. Contact est pris, au Nord-Ouest de Maillot, par une patrouille de la C.C.A.S. avec un groupe de quatorze hommes de l’A.L.N., dont deux sergents-chefs, armés d’un fusil-mitrailleur et d’armes de guerre. Le chef du détachement indique que celui-ci est basé à Beni Ikhlef, et qu’il se rendait a Takerboust. Après palabre, le groupe retourne à sa base. Il a été décidé d’un rendez-vous pour le lendemain matin, afin de mettre au point un modus vivendi. Le Chef de Bataillon Bley et le Commandant Verborg vont le lendemain au rendez-vous, qui ne donne aucun résultat positif, les directives de l’A.L.N. différant totalement des nôtres, principalement en ce qui concerne les déserteurs. Le seul renseignement obtenu est que cette troupe appartient au Secteur 323/I.  

Au cours des derniers jours de mars, le Capitaine Gaillard, commandant la 4ème Compagnie, suspecté par le chef de corps de sentiments favorables à l’O.A.S., a été arrêté et dirigé sur Paris. Il est remplacé, à la tête de la 4, par le Lieutenant Bridey. Le Capitaine Faure, muté au I4ème B.C.A., est remplacé au commandement du Mi-Secteur Haïzer, par le Capitaine Charles Angelini. En quinze jours à peine, six années de combats et de travaux, de fraternité d’arme avec les harkis, d’aide et de compréhension amicale avec les populations locales, ont été effacés. Le seul témoignage qui en reste est la longue liste des noms gravés dans la pierre du Monument aux Morts du Bataillon, dans la cour de
la Ferme Porcher. Avril Le 2 avril, quinze cordées de la 3ème Compagnie sillonnent le Reynier et le Ras Timedouine. Un peu partout, on commence à démonter les réseaux de barbelés des petits postes et leurs lignes téléphoniques. Le 6, le Chasseur Laborderie, de
la C.C.A.S., accidentellement blessé par arme à feu, est évacué par hélicoptère sur l’hôpital de Tizi Ouzou. Le 7, l’élément de la 1ère Compagnie, qui était demeuré à Merkalla, quitte le poste, après démontage de l’infrastructure. Des hommes du F.L.N., en armes, sont signalés dans le Douar Haïzer, entre Merkalla et Irhorat, où se déroule une manifestation. Quelques désertions se produisent parmi les appelés F.S.N.A. Le 8, le Caporal Boudjaoui, de la C.C.A.S, disparaît avec un P.M. Mat 49. Le 9, à la 1ère Compagnie, Telli Ben Ali emporte un P.M. et un fusil U.S. Garand. La 2ème Compagnie abandonne la maison cantonnière de Dra El Khemis, pour s’aller cantonner à El Adjiba. Le 11, c’est au tour de la 4ème Compagnie de quitter El Adjiba pour s’installer à Dra El Khemis. Le même jour, le poste de Tirilt M’tilguit est replié sur la Ferme Porcher. Au cours des jours suivants la 4 reçoit un important contingent d’appelés F.S.N.A. Le I5, elle prend l’appellation de 452ème U.F.L. (Unité de la Force Locale), dont le Capitaine Angelini prend le commandement.  La force Locale regroupe un certain nombre d’unités du même type, essentiellement composées d’appelés musulmans, qui, dans l’esprit du commandement, sont destinées à être intégrées dans la future armée algérienne. Les deux premiers jours sont marquées par la désertion de Ben Tayeb le I6 et de Laoudj Benameur, le I7, et la disparition de leurs armes. Les 20, 2I, 22 et 23, arrivent de nouveaux détachements, en provenance des 77ème et 80ème C.R.D. et du 61ème R.A.A., ainsi qu’un sous-lieutenant français-musulman, Derriche Mustapha. Une manifestation, avec grève de la faim, vient en troubler le bon ordre le 25 avril. Le calme revient, dans la soirée, après intervention du Commandant Bley. Et, le 28, la 452ème U.F.L. est présentée au colonel commandant le secteur, accompagné du sous-préfet de Bouïra. L’activité du bataillon prend une orientation nouvelle. Patrouilles de présence, instruction montagne, garde au dépôt de munitions, tirs, démontage des baraquements des petits postes isolés, reversement des matériels et de l’armement superflus. Le 25 avril, le Chef de Bataillon Bley rassemble le bataillon en entier – quatre cents hommes- au sommet du Lalla Khedidja – 2308 mètres – encore enneigé, après une marche convergente des unités sur trois itinéraires. Les compagnies du mi-Quartier de Maillot rejoignent Saharidj sur véhicules. De là, la C.C.A.S. emprunte la piste qui, par Aïn Taliouine, rejoint le village d’irzer, pour se trouver devant 1a paroi Sud du Djurjura, haute de 950 mètres, dont elle atteint le sommet à la cote 1915. puis, par les crêtes, I856, 2078 et 2I40, elle arrive au sommet. La 2ème Compagnie reprend la trace de son combat du 2 octobre 1959 par Tala Rana, Tala Roumrourene et 2058. La 1ère Compagnie , débarquée à Tikjda, prend la file derrière la 3, sur la route du Tizi N’kouilal, par le Col de l’Akouker et le Tizi Boussouil. Toutes deux rejoignent le sommet par 20I8 et 2I40. Le regroupement est terminé pour 10 h 45. Après une pause qui permet à chacun de mesurer l’effort accompli, les compagnies redescendent vers le Tizi N’kouilal, où se déroule une prise d’armes, avec remise de décorations et d’Étoiles d’Éclaireurs.  Les groupes du F.L.N. semblent éviter au maximum les rencontres avec les patrouilles du bataillon. Le 28, une patrouille du G.M.S. 77, à Beni Ouilbane, y trouve un certain nombre d’individus, en tenue de combat, armés de P.M. et de fusils de guerre, mélangés à la population. Ils indiquent être commandés par « le capitaine »… et s’esquivent. Un camion Renault, immatriculé 810 N 9 L est aperçu à proximité de la gare de Maillot. Il transporte une vingtaine d’hommes en treillis, coiffés de casquettes brun-vert, quelques uns de casquettes « Bigeard ». Ils cantonnent à la maison forestière de Tixerat, à six kilomètres au Sud-Est d’El Adjiba. Un groupe armé, en tenue de combat, est aperçu, le 30 avril, au Sud de Takerboust, qui reflue vers le Nord à la vue de notre patrouille. Mai Le 1er mai, six hommes de l’U.F.L., désertent, en emportant cinq fusils Mas 36 et deux P.M. Mat 49.
(Hacini Mohamed – Bouchareb Ahmed – Khalef Allaoua – Houamed Ali – Lezreg Mostapha et Khaled Abdelhamid). Deux d’entre eux, armés de Mas 36, reviennent le 2 mai. Les quatre autres se constituent prisonniers, le 3, à la sous-préfecture de Bouïra. Une Compagnie de Marche est mise sur pied, avec des sections prélevées dans chaque compagnie, et maintenue en alerte, du 4 au 6 mai. Le 6 mai, la 2ème Section de l’U.F.L. est mise à la disposition du sous-préfet de Bouïra, qui la dirige sur Mergueb El Ogab, où un groupe armé non identifié a été signalé par la population, Cette surveillance se prolonge jusqu’au IO et se termine par l’intervention de deux sections, aux côtés d’unités de la gendarmerie mobile, pour encercler la Ferme Bastos, qui est fouillée par les gendarmes.  L’armistice du 8 mai I940 est célébré par une prise d’armes, à Maillot et à Bouïra. Deux sections de l’U.F.L. assurent la garde de la S.A.S. de Zeboudja. Le 11, deux autres sections accompagnent les gendarmes qui procèdent au ramassage des armes détenues par les auto-défenses du Douar Errich. Le Général Le Ray, commandant la 27ème D.I.A. et la Z.E.A., accompagné du colonel commandant le secteur et du commandant du bataillon, inspecte la 3ème Compagnie , à Tikjda. L’Aïd El Kébir est fêté, le I4 mai, à la 452ème U.F.L.. Des désertions se produisent, tant au bataillon qu’à l’U.F.L.. Le I7 mai, le Caporal Alkema Mustapha, qui avait été mis en route sur Dellys, afin d’y suivre le peloton d’élèves sous-officiers, est signalé : « N’ayant pas rejoint ». Outre son paquetage, il détenait un fusil U.S. Garand et 96 cartouches. Les éléments de la C.C.A.S., qui avaient remplacé la 4ème Compagnie à Saharidj, sont relevés par une section de l’U.F.L. et regagne Maillot le 20 mai. Le 20 également, débute à Tikjda le 1er stage de montagne de la 27ème D.I.A.. Les stagiaires, trois officiers, sept sous-officiers et cinquante – trois chasseurs, appartiennent aux 7ème, I5ème et 27ème B.C.A. Dés le lendemain, ils sont à l’oeuvre dans le Massif du Reynier. Un début d’incendie de forêt, allumé par des projectiles traceurs au cours d’un tir à la mitrailleuse, au Sud du Moulin d’Afoud, est rapidement éteint par les gens de la 1ère Compagnie qui effectuaient ce tir. Le 24, la 4ème Section de l’U.F.L. est mise en alerte et dirigée vers Mergueb El Ogab, où un accrochage s’est produit entre des éléments armés de L’A.L.N. et du M.N.A.. Un civil et deux hommes de l’A.L.N. ont été tués. Une seconde section la rejoint sur le terrain où elles passent la nuit. La 452ème U.F.L. est inspectée, le 25, par le colonel commandant la Force Locale en Kabylie, et reçoit un renfort de quinze hommes. Elle reçoit un nouveau renfort, le 26; trente-huit hommes en provenance du 45ème R.I.T.. Une cinquième section est formée, sous les ordres du Sous Lieutenant Deriche Mustapha. La 3ème Compagnie bivouaque le 27 dans le Massif du Reynier. où elle effectue un tir de nuit. Le 29, la 2 est héliportée au Lac Goulmine, d’où elle rejoint Tikjda par les crêtes, le Tizi N’cennad, le Ras El Maa et le Tigounatine. Une section de l’U.F.L,, en cours de marche manoeuvre, rencontre un détachement de l’A.L.N., de la force de deux sections, tenues camouflées, armement de guerre, commandé par l’Aspirant Si Belaïd. Celui-ci fait aligner sa troupe et présenter les armes au passage de l’U.F.L.. Il indique au sous-lieutenant qui la conduit que ses hommes et lui se rendent à un enterrement. L’après-midi, se déroulent au Marabout de Sidi Ali Ben Toumi, à 1 kilomètre 500 à l’Ouest de Maillot, les funérailles de l’Aspirant Si Ahcene Moussi, originaire des Ouled Brahim, commissaire politique qui avait en charge le Douar Haïzer depuis le « Cessez le feu ». Il s’était installé à la S.A.S. d’Ihrorat et avait fait main basse sur 12 Jeep du délégué municipal du douar, Monsieur Taïl. À la suite d’une perte de contrôle, le véhicule s’était retourné. Il était mort des suites de ses blessures. Plus de trois mille personnes assistent aux obsèques, dont les délégués municipaux de toutes les communes voisines – Monsieur TAïL pour le Douar Haïzer. Le service d’ordre est assuré par l’A.L.N. et l’on retrouve l’Aspirant Si Belaïd et ses deux sections Deux parcs ont été aménagés pour recevoir les cent cinquante véhicules qui ont amené les participants.  Les funérailles se déroulent dans le calme Juin Le deuxième stage débute le 3 juin, avec les S.E.M. des 27ème B.C.A et 11/93ème R.A.M.. Fin du stage le I2. Quelques désertions sont signalées le 6. Le Caporal Rassou, non rentré de permission, à la 3ème Compagnie , le Caporal Azougagh et le 1ère Classe Boulassel Mammar à U.F.L., sans emport d’armes; Une première évacuation de familles de harkis du mi-Quartier de Maillot a lieu le 7. Une seconde, le I3. Les familles sont regroupées à Tefeschoun, en vue de leur transport en métropole. Le 8, la Compagnie de marche est dirigée sur Alger, où elle prend cantonnement dans l’école de le Rampe Vallée. Elle rejoindra le bataillon le 2I juin, après avoir été mise, par section, a la disposition de différents escadrons de gendarmerie mobile, pour les renforcer. Le I6, arrivent les S.E.M. du 6ème B.C.A. et du I59ème B.I.A. pour le troisième stage. Arrivent en même temps les S.E.M. des 7ème, I5ème et 27ème B.C.A. et du II/93ème R.A.M., qui viennent participer à la Journée Alpine du I7 au Boussouil. En démonstrations: l’escalade de l’Azerou Gougane et le sauvetage et l’évacuation d’un blessé. La journée se termine par une prise d’armes, autour du mât hissé au sommet de l’Azerou Gougane, sur lequel flottent les trois couleurs. Le I8, le Lieutenant Jacquier, O.R. du Mizer, conduit à Alger son interprète, le Sergent-Chef Harki Terrak Ahmed, dont la vie est menacée par le F.L.N., et sa famille, pour qu’il soit dirigé sur le C.I. 22 à Nice, où on lui a fait contracter un engagement. Il était temps d’ailleurs de procéder à ce sauvetage. Un peu partout, les auxiliaires de l’Armée Française sont victimes de représailles et de vengeances.  

À El Esnam, le Sergent Harki Zerrouki a été massacré sur les marches de la gendarmerie, où il tentait de se réfugier. À Bouïra, Sarri Mohamed, dit « Mohand Halouani », terroriste devenu indicateur de police, est assassiné. Dans le Douar Haïzer, Ouchene Rabah, le chef de village d’El Massar, est traîné, nu, au bout d’une corde, derrière une Jeep, au travers des villages de la plaine, sa Croix de la Valeur Militaire épinglée à même la peau, couvert d’injures, de crachats et de coups. Toumi Tahar, l’Aspirant rebelle, devenu l’interprète du poste de Tirilt M’tilguit, et son fils, le sergent de tirailleurs, cité et décoré, sont enfermés au camp de Tizi Ouzou. Le 2I juin, à Maillot, l’ex-Harki Daou Meziane, qui devait être rapatrié en France, est enlevé par le F.L.N.. La 3ème Compagnie est héliportée au Col de Tirourda, le 23 juin, et regagne Tikjda par la ligne des crêtes. La 1ère Compagnie bivouaque le 26 à Aïd Haouari, et le 27 sur le Ras Tigounatine. Deux permissionnaires de l’U.F.L. sont portés déserteurs : Djemouai Yaïche et Benloucif. Le Chasseur Bianchi, de la 2ème Compagnie, accidenté au cours d’un exercice, est évacué sur l’hôpital de Maillot. Le Lieutenant Belkhir, affecté à la 452ème U.F.L. prend le commandement de l’unité le 29 juin. Au 1er juillet, celle-ci quitte le giron du bataillon, dont on ne pourrait d’ailleurs pas dire qu’elle faisait réellement partie. Juillet Ce 1er juillet, le Chef de Bataillon Jacques Bley est promu lieutenant-colonel, et le Lieutenant Galmiche est nommé capitaine. Du 1er au 6, les troupes sont consignées dans leurs cantonnements, pour éviter tout incident avec la population, en raison du référendum et des manifestations que son résultat pouvait provoquer. Les travaux de cantonnement, l’instruction du tir a toutes les armes, l’école d’escalade, plus spécialement pour la 3ème Compagnie, et les raids en montagne, deviennent l’activité quotidienne des compagnies. Un détachement des 1ère et 2ème Compagnies participe à la prise d’armes du I4 juillet à La Réghaïa, P.C. des Forces Françaises en Algérie. Une prise d’armes a lieu à Maillot, avec remise de décorations. Grande journée d’escalade le I5 : deux cordées à la petite Aiguille de la Main du Juif, deux autres à la Voie Molbert. Le I6, une section de la 3 bivouaque au sommet du Lalla Khedidja. Une patrouille au Chalet du C.A.F. constate que celui-ci, tout comme son voisin, a été récemment pillé. Le I9, trois sous-officiers musulmans de l’U.F.L. de Saharidj, se réfugient au P.C. du bataillon. La 2ème Compagnie effectue, le 20, une reconnaissance de la ligne des crêtes, au Sud de la R.N.33, entre le Tizi N’kouilal et la Grotte aux singes. Le 22, deux cordées de la 3 escaladent la Voie Guillotot et l’Arête des Chasseurs dans le Massif du Reynier.  Une Compagnie d’honneur, composée de sections de la 1ère, de la 2ème Compagnies et de la C.C.A.S., prend part à la prise d’armes de Tizi Ouzou, le 24. Le 26, la famille d’un harki de Tazmalt est récupérée et remise au II/I9ème R.C.C. pour évacuation sur la France.  Le 28, cinq cordées escaladent le Reynier, trois par la « Directe », et deux par le « Z » tandis que cinq autres cordées gravissent la Main uu Juif. Quatre cordées dans la Main du Juif le 29. Août Un détachement du 27ème B.C.A., en nomadisation, passe à Tikjda le 2 août, et en profite pour escalader le Reynier et l’Akouker les jours suivants. Le 4, le Général Le Ray, commandant la Z.E.A., visite la 3ème Compagnie à Tikjda, où il demeure quelques jours. Il assiste, le 6, à une démonstration d’escalade par la 3ème Compagnie. Une section de marche, mise sur pied par la C.C.A.S., est dirigée, le 7, sur Tikjda, afin de suivre l’entraînement en montagne jusqu’au I3 août. À tour de rôle, dans chaque compagnie, les sections passent une semaine « de vacances », sur la plage, à Tigzirt Sur Mer. Le I2, le Service-auto intervient pour dépanner une voiture du corps diplomatique tunisien, immobilisée prés d’El Adjiba. Le I5, six cordées de la 3 opèrent à la Main du Juif et au Reynier. Les compagnies reçoivent, à tour de rôle, la visite d’un père Blanc, qui vient y célébrer la Messe. Assez souvent, depuis le début de juillet, les fils téléphoniques sont coupés entre Aïn Allouane et Tikjda. Le I9, c’est l’eau qui manque, détournée par les paysans du village. L’examen du C.A. I se déroule à Tikjda les 24 et 25 août. Le 26, six cordées se retrouvent à la Main du Juif. Un détachement de l’A.L.N.. fait son apparition au village de Tikjda le 28, et cantonne au Chalet des Cèdres jusqu’au 1er septembre.  

8 septembre, 2007 à 15:00


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